
Marie-Henri Beyle (Stendhal)
En ce 23 janvier de l’année 1783, Marie-Henri Beyle, écrivain français mieux connu sous le nom de Stendhal, est né à Grenoble. La mère de Stendhal tombe malade et décède en 1790 alors qu’il n’a que 7 ans. Sa mère était une influence nourricière et la perdre signifiait la perte d’un tampon vital entre lui et son père, qui semblait manquer d’imagination ou des mêmes intérêts que son fils. Son père a fait appel à d’autres personnes pour s’occuper de Stendhal, notamment un précepteur jésuite qui l’a empêché d’acquérir un sentiment d’indépendance en l’empêchant d’atteindre des objectifs personnels importants tels que l’apprentissage de la natation. Le précepteur le rabaissait et le dissuadait en insistant sur le fait qu’il se noierait s’il essayait. De tels événements lui ont fait perdre sa foi en la religion.
La quête d’autonomie personnelle de Stendhal a été un facteur de motivation dans son cheminement pour devenir l’un des écrivains les plus originaux et complexes de son temps. Il est surtout connu pour son analyse critique de la conscience chez ses personnages. Ses écrits communiquent des idées radicales sur le romantisme et le réalisme, deux concepts qui ont tendance à être considérés comme mutuellement exclusifs. La coexistence de ces principes est mieux représentée dans son œuvre de 1830, Le Rouge et le Noir.
Dans ce roman, Stendhal affirme que « l’idée que les tyrans trouvent la plus utile est l’idée de Dieu. » Il a également publié un recueil d’histoires connu sous le nom de Chroniques italiennes, écrites dans les années 1830. L’une des chroniques aborde les questions de l’émancipation féminine et de la relation des femmes avec les institutions du mariage et de l’église. Il a écrit un jour que « la papauté et le manque de liberté [sont] la source de tous les crimes. » D. 1842.
Stendhal, matérialiste, athée et anticlérical
Sous la Restauration, l’Eglise Catholique tente de rechristianiser la société, Stendhal, dans Le Rouge et le Noir mais aussi dans La Vie de Henri Brulard, a une vision très négative de la religion. En effet, cette aversion remonte à son enfance où, entouré de jésuites avides de pouvoirs et de reconnaissances, il se met à détesté le religieux. C’est véritablement dans Le Rouge et le Noir que Stendhal règle ses comptes avec le religieux et on peut se demander comment cet auteur, qualifié de laïque, nous dresse un portrait très noir de la religion où les seules exceptions positives restent marginales.
Stendhal a un rapport conflictuel avec la religion, notamment avec les jésuites, qu’il qualifie de « noirs coquins » avides de pouvoir et de reconnaissance. Son expérience personnelle avec ces religieux « bornés », comme son précepteur, l’abbé Raillane, qu’il a détesté, est incarnée dans Le Rouge et le Noir par l’abbé Castanède « pour qui aucun crime n’est trop noir » (chapitre XXVII). Ce personnage est l’archétype du pouvoir de l’ombre, de la corruption : c’est l’incarnation d’une société viciée, d’une aristocratie qui a peur d’une nouvelle Révolution et qui, par tous les moyens, préservera son statut et sa richesse. (Source)
« Stendhal ou l’incroyant qui voulait croire » par Charlène Huttenberger-Revelli
Quelle image a-t-on de Stendhal ? Bien souvent celle d’un homme à l’anticléricalisme et à l’athéisme flamboyan. Cette réputation du reste est grandement justifiée, enfant sous la Révolution, puis romancier et essayiste sous la Restauration et la monarchie de Juillet, Stendhal n’a cessé de proclamer son incroyance et parallèlement, de mener un combat acharné contre les professionnels de la croyance. Le roman stendhalien, roman violemment anticlérical, est ainsi peuplé de jésuites manipulateurs et de dévotes malfaisantes ayant pour objectif de s’emparer du pouvoir et de contrôler la société en soutenant de toutes leurs forces la nouvelle union du Trône et de l’Autel, de la monarchie et du catholicisme. II est alors peu étonnant de constater que les héros de Stendhal sont très fréquemment des ennemis de la religion, qui entendent miner cette dernière, tantôt dissimulés sous le masque de Tartuffe, tantôt à visage découvert, dévoilant explicitement leur athéisme. Les enjeux de la croyance stendhalienne sont pourtant plus complexes qu’il n’y paraît au premier abord touché depuis toujours par la beauté des cérémonies catholiques, Stendhal attribue sa propre sensibilité esthétique à ses personnages de roman, tout particulièrement à ses personnages italiens, en véritable amoureux de l’Italie. Il fait aussi de certains d’entre eux de profonds et de sincères croyants, et croit lui-même en l’existence de prêtres absolument pieux et réellement bons. Enfin, dans la lignée de Chateaubriand, Stendhal ne conçoit pas l’épanouissement de la passion amoureuse sans celui de la foi dans ses fictions, les vrais amoureux sont aussi croyants. En définitive, Stendhal n’était-il pas un incroyant qui rêvait de croire ? (Suite)
Citations sur dieu et la religion
» L’idée la plus utile aux tyrans est celle de Dieu. «
( Le Rouge et le Noir / 1830)
» Toutes les religions sont fondées sur la crainte du plus grand nombre et l’habileté d’un petit nombre. »
(Stendhal, cité dans « On the Mind and Freedom » d’Elliot Murphy (2011).)
» La seule excuse de Dieu, c’est qu’il n’existe pas «
(Stendhal cité par Nietzsche dans « Ecce homo »)
» Si je trouve le dieu des chrétiens, je suis perdu : c’est un despote et comme tel, il est rempli d’idées de vengeance ; Sa Bible ne parle que de punition atroce. Je ne l’ai jamais aimé ; je n’ai même jamais voulu croire qu’on l’aimât sincèrement. «
(Stendhal Le Rouge et le Noir / 1830)
» Quand on est roi, que peut-il manquer ? D’être Dieu. «
(Stendhal Armance / 1827)
» Le pouvoir absolu a cela de commode qu’il sanctifie tout aux yeux des peuples. «
(Stendhal La Chartreuse de Parme / 1839)
» Puisque la mort est inévitable, oublions-là. «
(Stendhal Vie de Rossini / 1823)
» Les Anglais, écrit-il, sont victimes du travail… Ce malheureux ouvrier, ce paysan qui travaille, n’ont pour eux que le dimanche. Or, la religion des Anglais défend toute espèce de plaisir le dimanche, et a réussi à rendre ce jour le plus triste du monde. C’est à peu près le plus grand mal qu’une religion puisse faire à un peuple qui, les six autres jours de la semaine, est écrasé de travail… «
(Stendhal correspondance, 1826)
» Il n’y a point de droit naturel : ce mot n’est qu’une antique niaiserie. Avant la loi, il n’y a de naturel que la force du lion, ou le besoin de l’être qui a faim, qui a froid, le besoin en un mot «
(Stendhal Le Rouge et le Noir / 1830)
» Je viens de me colleter avec le néant; c’est le passage qui est désagréable, et cette horreur provient de toutes les niaiseries qu’on nous a mises dans la tête à trois ans. »
(Stendhal après sa première attaque d’apoplexie en 1841)
» Un jour, mon grand père dit à l’abbé Raillane :
– Mais m[onsieur], pourquoi enseigner à cet enfant le système céleste de Ptolémée que vous savez être faux ?
– M[onsieu]r, il explique tout et d’ailleurs est approuvé par l’Eglise.
Mon grand père ne put digérer cette réponse et souvent la répétait, mais en riant ; […]
Mais cette réponse de l’abbé, souvent répétée par mon grand-père que j’adorais, acheva de faire de moi un impie forcené et d’ailleurs l’être le plus sombre. «
(Stendhal Vie de Henry Brulard)
» Le papisme est la source de tous les crimes. «
(Stendhal / 1783-1842 )
» Si je trouve le dieu des chrétiens, je suis perdu : c’est un despote et comme tel, il est rempli d’idées de vengeance ; sa Bible ne parle que de punition atroce. Je ne l’ai jamais aimé ; je n’ai même jamais voulu croire qu’on l’aimât sincèrement. «
(Stendhal Le Rouge et le Noir)
» Je suis athée, Dieu merci ! «
(parfois attribuée à Stendhal)
Vidéos
Stendhal Le rouge et le noir
Qu’est-ce que Le rouge et le noir ? En quoi est-ce le roman de l’ambition à l’ère démocratique ? Julien Sorel est-il un personnage réaliste ou romantique ? Et pourquoi la vanité lui interdit-elle tout bonheur ?
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Précurseur du roman moderne, constamment en quête de rêve et de vérité, Stendhal mena une vie digne d’une histoire romanesque. Voyageur infatigable, bourgeois et athée, révolté et talentueux, il savait bien que sa plume ne serait reconnue qu’après sa mort.
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Précurseur du roman moderne, constamment en quête de rêve et de vérité, Stendhal mena une vie digne d’une histoire romanesque. Voyageur infatigable, bourgeois et athée, révolté et talentueux, il savait bien que sa plume ne serait reconnue qu’après sa mort.
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