Le coran par Eric Timmermans
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Synthèse
« Pour le musulman moyen d’aujourd’hui, dénué de toute connaissance philosophique, le Coran demeure la parole infaillible de Dieu, la parole que Dieu a directement envoyée à Muhammad, sur Terre, par l’intermédiaire de l’esprit, ou du Saint-Esprit, ou encore de Gabriel. Il est écrit dans un arabe parfaitement pur et toute chose qu’il contient est éternelle et non créée. »
Selon la tradition islamique, Muhammad ne savait pas lire et ne pouvait donc avoir connu les prétendues paroles divines contenues dans le Coran que par voix orale et divine. La légende de l’analphabétisme de Muhammad est donc supposée accréditer la thèse de l’origine divine du Coran. Muhammad se devait de dicter ses écrits. L’éloquence naturelle du prétendu prophète fit le reste. L’hypothèse de son illettrisme « sert » aux doctrinaires à prouver à contrario le caractère divin du Coran. »
On ignore ce que fit Muhammad entre l’âge de 25 ans et celui de 40 ans, à l’exception de ceci : « Dieu lui avait inspiré l’amour de la solitude. Il vivait retiré, et passait tous les ans un mois dans une grotte du mont Hara ». D’autres sources, plus prosaïques, penchent pour une explication se rapportant à son métier de caravanier qui lui permit de se cultiver et de connaître les Ecritures au cours de ses voyages commerciaux, notamment. C’est donc durant ces 15 années que, d’une manière ou d’une autre, Muhammad médita la nouvelle religion. Et c’est durant ces 15 années qu’il jeta les fondements de la nouvelle religion islamique.
Diverses guerres ayant poussé des juifs et des chrétiens jusqu’en Arabie, Muhammad en étudia les dogmes et ajouta à ses connaissances l’histoire de son pays. Dans un Orient particulièrement divisé, Muhammad voulut paraître avec un livre unificateur qu’il fit passer pour d’origine divine aux yeux de sa nation arabe et il se mit donc à composer le Coran. Le Coran a été publié en l’espace de 23 ans, en partie à La Mecque et en partie à Médine. C’est là un trait politique de génie de la part de Muhammad, soit de livrer lentement, par versets, et non en une seule fois, ce Coran qu’il avait lui-même imaginé. Ceci le rendait maître des prétendus « oracles du ciel » et il faisait parler « dieu » selon les circonstances. Les versets du Coran furent, dit-on, écrits sur des feuilles de palmier ou sur du parchemin. Aussitôt que Muhammad les leur avait révélé, ses disciples les apprenaient par cœur et les déposaient dans un coffre.
Lorsque Muhammad mourut, Abou Bakr, le premier Calife, les réunit dans un volume mais ne se soucia pas de les diviser en chapitres, ce que fera Othmân, le troisième Calife. A la mort du Prophète en 632, le Coran n’existait pas sous forme de livre. Transmis oralement, il compte autant de versions que de compagnons du Prophète ayant appris le texte par cœur – le mot qur’an signifie précisément « récitation orale ».
Parallèlement à ces « Corans du cœur », Muhammad laisse un ensemble disparate de fragments gravés sur les supports les plus hétéroclites : feuilles de dattier, omoplates de chameau, morceaux de cuir, etc. Ce corpus hétéroclite est rassemblé par le premier calife, transmis au second calife, puis à sa fille Hafsa (une des veuves du Prophète), ce qui lui vaut le nom d’ «imam de Hafsa ».
Un quart de siècle après la disparition du Prophète, le troisième calife, Othman (644-656), en fait faire une copie : c’est la Vulgate que nous connaissons aujourd’hui. S’ensuit un acte irrémédiable : le gouverneur de Médine, cousin d’Othman, détruit l’ « imam d’Hafsa », ainsi que toutes les versions écrites des « Corans du cœur ». Exemple unique dans l’histoire où des originaux aussi rares que précieux sont sacrifiés au profit d’une copie ! Bien sûr, il s’agissait d’assurer l’autorité d’un canon unique. »
« Surtout, la Vulgate noie les éléments de l’ « imam d’Hafsa » dans un texte continu dépourvu de ponctuation. Il gomme ainsi la facture antique du fragment qui se suffit à lui-même tout en correspondant avec les autres. Il est désormais malaisé voire impossible de les lire comme au temps du Prophète – à la manière dont l’astronome lit le ciel étoilé. ».
Il est dit aussi que la langue arabe dans laquelle le Coran a été annoncé aux hommes est, de ce fait, la langue « claire » et parfaite pour aborder le Coran. Nombre de commentateurs s’opposent à cette vision « arabo centriste » basée sur la prétendue « pureté » de l’arabe coranique, soulignant au passage que le coran abondait à l’origine de mots d’origine non-arabe.
« Pendant longtemps, l’orthodoxie a muselé les nombreux philologues musulmans qui reconnaissaient que le Coran abondait de mots d’origine étrangère. Une tradition dit que « quiconque prétend qu’il y dans le Coran autre chose que des mots de langue arabe porte une lourde accusation contre Dieu : « Voici les versets du Livre clair : nous les avons faits descendre sur toi en un Coran arabe. » (sourate XII.1) »
Par chance, des philologues comme Suyuti inventèrent des subterfuges qui leur permirent de contourner l’opposition des orthodoxes. Al Thaalibi expliqua qu’il y avait des mots étrangers mais que « les Arabes les avaient utilisés et arabisés, et que de ce point de vue c’étaient des mots arabes ». Là où Al Suyuti énumère 107 mots d’origine étrangère, Arthur Jeffery en trouve environ 275, principalement empruntés à l’araméen, à l’hébreu, au syriaque, à l’amahrique, au perse et au grec. Le mot « Coran » lui-même vient du syriaque et de toute évidence Muhammad le tenait d’une source chrétienne. » (L6, p.144).
« Tour à tour on décréta l’hébreu, le latin, puis l’arabe, langue de Dieu. Manière de protéger Sa parole contre les déviations ? Plutôt de soustraire le dogme au libre examen des consciences. » (R2, p.69, Claude Weill).
« Il n’y a pas de langue unique et sacrée, hébreu, latin ou arabe coranique, mais la seule confiance humaine dans le langage vivant et dans son pouvoir de communication entre les êtres. Ce langage ne peut se définir autrement qu’en luttant contre les « maladies de la langue » sacrée. L’expression est d’Erasme, qui participa au renouveau de la traduction biblique au XVIe siècle, et stigmatisa toute utilisation des Ecritures pour tuer, violenter, imposer. Ouvrir les traductions, faire entendre la diversité des réceptions, c’est guérir l’humanité de cette maladie qui fixe les œuvres de nos Pères dans un usage mortifère. » (R2, p.76, Frédéric Boyer).
Conclusions à propos du coran
- « La rédaction actuelle du Koran n’est pas sans doute celle que lui avait donnée Muhammad.
- La réunion des versets écrits sur des feuilles, sur des tablettes ou sur des omoplates de brebis est due à Zaïd, compilateur du Koran sous Abou Bakr ; mais cette circonstance ne saurait absoudre Mahomet d’avoir défiguré ou travesti l’histoire plutôt par ignorance sans doute qu’à dessein. »
- « Comme code religieux, moral, civil et politique (car chez les musulmans il est la source de toute loi et de toute science), le Koran pèche par l’insuffisance et l’obscurité ; comme monument intellectuel du peuple qui l’adopta et du siècle qui le produisit, il est de médiocre valeur, et ne saurait soutenir la comparaison avec aucun des livres sacrés que nous a légués l’antiquité. « Et ajoutons également qu’ « il y eût, à la vérité, au sein de l’islamisme des sectes qui soutenaient que le Koran pouvait être regardé comme une hérésie : elles se trouvent condamnées d’avance par le Koran » (II, 21 : voir Zandaqa).
- L’impression du coran: Avant d’introduire l’imprimerie dont ils se méfiaient, les Etats musulmans attendirent plus de trois siècles, et même après cette introduction, l’impression du coran fut très longtemps considérée comme impie. L’une des premières versions imprimées (Venise, 1530) fut immédiatement détruite sur l’ordre des autorités. En 1757, un édit fut promulgué en Turquie contre l’imprimerie.
- La première édition musulmane du coran date de 1787.C’est cette attitude des musulmans vis-à -vis de l’imprimerie qui inspira Voltaire qui écrivit en 1765 « De l’horrible danger de la lecture ». Voltaire avait déjà fustigé cette religion en la personne de Mahomet dans sa pièce de théâtre écrite en 1741 : « Le fanatisme, ou Mahomet le prophète ».
- Le coran au détriment de toute idéologie totalitaire qui se respecte, l’islam politique impose l’apprentissage par cœur du « livre de la doctrine », en l’occurrence le coran, dès le plus jeune âge. Cet apprentissage par cœur de quelque 6200 versets dépareillés se fait au détriment d’un enseignement de qualité à même de développer le sens critique des plus jeunes : « (Les enfants) accomplissent cet exploit prodigieux au détriment de leurs facultés de raisonnement, car bien souvent leur esprit est si tendu par l’effort de mémorisation qu’ils sont pratiquement incapables d’une quelconque réflexion soutenue. »