
Le 27 octobre 1553, ces religieux firent bruler vif Michel Servet
27 octobre 2023

Michel Servet, martyr de la liberté de penser


– figure emblématique de la libre pensée
– médecin espagnol, naturalisé français
– théologien refusant le baptême avant l’âge de 20 ans
– découvre la circulation sanguine pulmonaire
– réfute le dogme de la trinité
– brulé vif à l’instigation de Jean Calvin
Vidéo
La mort de Michel Servet a permis la liberté de conscience
L’ histoire est bien que toutes les religions sont ontologiquement sectaires et intolérantes et que ses caractéristiques s’expriment très librement dès que ceux qui s’en réclament se trouvent en position de pouvoir. La Réforme s’est constituée autour d’une protestation contre la censure par l’église catholique de toute interprétation des textes sacrés qui ne soientt pas conformes à ses propres dogmes – cette censure allant jusqu’à mettre à mort ceux qui avaient eu l’audace d’exprimer des opinions divergentes. Or avec l’affaire Michel Servet les protestants firent l’amère expérience qu’ils pouvaient se montrer tout aussi intolérants que les épouvantables catholiques dont ils dénonçaient l’obscurantisme à grands cris.
Michel Servet est pour les protestants un rappel constant à plus de modestie quant à leurs prétentions à incarner une éthique supérieure en matière de liberté d’expression. Alors si vous en avez l’occasion, rendez hommage à l’un de ceux grâce à qui vous pouvez en France exprimer vos doutes quant à l’existence d’une vie après la mort et revendiquer le droit de profiter comme bon vous semble de la seule vie sur terre jusqu’à preuve du contraire.
Citations de Michel Servet
Michel Servet assiste au couronnement de Charles Quint, le 24 février 1530. À cette occasion, les fastes de la cour pontificale l’indignent. Le pape Clément VII « se fait porter par des hommes sur leurs épaules et adorer comme Dieu sur terre, chose que, depuis la création du monde, jamais impie n’a eu l’audace de tenter. Nous l’avons vu, de nos yeux vu, porté pompeusement sur des nuques princières, brandissant la croix à trois branches, et adoré au milieu des places publiques, par tout un peuple à genoux. Au point que ceux qui parvenaient à baiser ses pieds ou ses mules s’estimaient heureux par-dessus les autres, et proclamaient qu’ils avaient obtenu nombre d’indulgences, grâce auxquelles des années de souffrances infernales leur seraient remises. Ô la plus vile des bêtes, ô la plus effrontée des catins. »
« Il est grave de tuer un homme pour les idées qu’il professe en matière de religion. »
Les enseignements de Servet
– Les valeurs et la dignité inhérentes à chaque personne,
– la liberté de penser et d’expression comme source de développement individuel et collectif,
– la tolérance et la justice dans les relations humaines,
– la recherche de la vérité comme source de connaissance
– l’affirmation des principes de la raison par le rejet du dogmatisme.
Liens intéressants
Le couronnement de Charles Quint par le pape Clément VII (BNF)
Livres

« Contre le libellé de Calvin après la mort de Michel Servet » par Sébastien Castellion
Contre le libelle de Calvin est certainement l’un des plus grands textes humanistes qu’on ait jamais écrits. Depuis longtemps inaccessible dans sa langue d’origine (le latin), il n’avait jamais été traduit en français. Ce livre, âgé de plusieurs siècles, est de la plus brûlante actualité. Son auteur l’écrivit sous le coup de la mort de Michel Servet. C’est un puissant manifeste en faveur de la tolérance et de la justice. Avec une intelligence et une force rares, il défend la liberté et surtout la nécessité de penser. Sébastien Castellion, malgré l’hommage de Montaigne, de Pierre Bayle, de Voltaire, de Michelet, de Stefan Zweig, est resté presque totalement ignoré. Il serait peut-être le premier étonné de savoir que Stefan Zweig verrait un jour dans son œuvre » le J’accuse de son siècle « . Il serait tout surpris d’apprendre que, pour Michelet, » il posa pour tout l’avenir la grande loi de tolérance « . Il serait le premier stupéfait de se voir lu et traduit à la fin du XXe siècle, lui qui ne parvint même pas à faire publier, de son vivant, le livre qu’on va découvrir. L’ouvrage est précédé d’une préface d’Etienne Barilier, son traducteur, qui fait revivre la figure de Sébastien Castellion (1515-1563) et en souligne toute la modernité.
